En effet, M. Ruzindana Silas a été violemment interpelé par les agents de la 3ème compagnie d’unité d’intervention le mercredi 4 juin 2014 de bonne heure dans sa boutique sise 38, rue Benin Quartier Mikalou et conduit au commissariat de police de Kibeliba, dans le 6ème arrondissement de Brazzaville.

A son arrivée au commissariat, le capitaine Mongo, qui l’a reçu, lui aurait dit : « si tu ne sors pas de l’argent, on va bien te torturer ». M. Ruzindana a été placé dans la cellule de garde à vue et, par la suite, déshabillé avant d’être placé dans une des geôles du commissariat pour être une fois de plus battu aussi bien par des policiers que par des codétenus. La méthode de torture consistait à lui mettre « La tête en bas, les fesses en haut et les mains retournées par derrière ». L’intensité des coups reçus a provoqué des vertiges et des douleurs dans tout le corps au point où il a eu l’impression d’avoir été électrocuté, affirme la victime.

C’est plus tard dans la matinée que M. Ruzindana a été libéré moyennant un total de 100.000 FCFA qu’avait apporté son épouse convoquée au téléphone à cet effet par un policier de ce Commissariat de police.

Saisi de l’affaire par la soeur cadette de M. Ruzindana Silas, l’OCDH les a accompagnés à l’hôpital de base de Makélékélé où les premiers soins ont été administrés à l’infortuné. En dépit des soins reçus, M. Ruzindana Silas, éprouve actuellement de sérieuses difficultés pour s’asseoir, marche avec peine et à l’aide d’un bâton. Il avait des urines ensanglantées. Il a fallu la prise des injections à l’hôpital de base de Makélékélé pour arrêter l’écoulement de sang.

Puis, l’OCDH a rencontré par la suite les agents dudit commissariat de police pour s’enquérir de cette situation. A cette occasion, les enquêteurs de l’OCDH ont appris des policiers au poste de contrôle que : «Ce monsieur a été arrêté en lieu et place de son fils pour une affaire d’argent. Son fils ne se fait plus voir, il fallait le prendre. Revenez demain voir le capitaine Mongo Néhémie qui gère ce dossier ».

Le jour suivant, le 5 juin, l’OCDH a tenté en vain de rencontrer le commissaire. Néanmoins, les enquêteurs de l’OCDH ont pu rencontrer le capitaine Mongo Néhémie auteur de l’interpellation de M. Ruzindana Silas et en charge de ce dossier ainsi que le sergent-chef Oyombi, tous deux oeuvrant à la 3ème compagnie d’unité d’intervention.

L’OCDH a constaté qu’aucune mention n’a été faite sur la main courante du commissariat quant au passage de ce réfugié dans ledit commissariat, encore moins le motif légal de son interpellation.

Comprenant la gravité de la situation ainsi créée, le capitaine Néhémie Mongo a déclaré « Je reconnais mon tort. Vous êtes mon frère, enterrez seulement le dossier. Je suis père de famille, j’ai 7 enfants je vous en prie. Ne rapportez pas cette affaire au niveau du Procureur de la République ni à d’autres autorités au risque de salir ma carrière. Ce n’est pas moi qui ai torturé ce réfugié, mais plutôt mon élément, le sergent-chef Oyombi… Il est sous moi, je le sais, mais je vous demande de taire seulement l’affaire, cela ne se reproduira plus… Pour cette affaire d’argent, je men occupe personnellement…» a affirmé le capitaine Mongo Néhémie à un agent de l’OCDH.

Cette situation est un témoignage supplémentaire de la banalisation de la torture dans les Commissariat de police du Congo où les auteurs de ce crime bénéficient d’une impunité garantie par l’indifférence des autorités judiciaires compétentes en la matière, privant ainsi les victimes du droit à la réparation pour atteinte à leur intégrité physique et morale.

Face à cet acte grave et inhumain, l’OCDH demande aux autorités compétentes de :

– Identifier tous les auteurs de cet acte inacceptable et les traduire en justice ;

– Prendre des mesures appropriées pour assurer des soins médicaux à M. Ruzindana. ;

– Prendre en toute urgence un texte réglementaire autorisant aux ONG des droits de l’Homme de visiter de manière régulière et sans entrave les geôles des commissariats de police et de brigades de gendarmerie. Ceci est une exigence nécessaire qui permettra non seulement de prévenir et lutter contre la torture, les traitements cruels et inhumains, mais aussi d’alerter les autorités compétentes en cas d’atteintes aux droits humains dans ces lieux de privation de liberté.

L’OCDH demeure saisi du dossier jusqu’à son aboutissement judiciaire.