Bouenza_Les déplacés du Pool exigent de regagner leur domicile
Dans le département de la Bouenza, les déplacés du Pool, abandonnés à eux-mêmes exigent de rentrer chez eux. Une mission de l’Observatoire Congolais des droits de l’homme (OCDH) les a rencontré.
Récemment une mission de l’Observatoire Congolais des Droits de l’Homme (OCDH) a visité dans le département de la Bouenza les déplacés de la guerre du Pool qui ont trouvé refuge dans cette partie du pays.
En effet, une année après «les évènements du Pool», une équipe de l’OCDH a effectué une mission de monitoring sur la situation des déplacés de la guerre du Pool dans trois districts du département de la Bouenza, précisément dans les districts de Kingoué, Yamba et la commune urbaine de Loutété où sont accueillis plus de 3774 déplacés vivant dans des conditions de précarité très avancée.
«Nous vivons dans des conditions très difficiles et contraints de travailler dans les plantations des gens moyennant 1500FCfa ou 2000FCfa par jour. Les vivres distribués par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) sont insuffisants par rapport au nombre des familles, la Croix Rouge Congolaise n’est pas présente dans les sites depuis que nous sommes ici. Chaque jour, nous enregistrons des morts. Les droits humains ne sont pas respectés, on préfère rentrer chez nous», a fait savoir un responsable du bureau des déplacés du Pool à Loutété. Selon ce responsable, «depuis leur arrivé ils ont déjà enregistré une vingtaine des cas de décès dus à la malnutrition et bien d’autres maux et les déplacés sont obligés de se cotiser 200FCfa par déplacé pour enterrer leur parent».
Arrivé dans le département de la Bouenza pour la plupart entre juillet et septembre 2016, ces déplacés ont bénéficié de l’assistance humanitaire du PAM, UNICEF, Caritas et Médecin d’Afrique (MDA).
En quittant leur village, les déplacés racontent des témoignages horribles (viols, exécutions arbitraires, agressions physiques, arrestations…) qui rappellent la nécessité d’une commission d’enquête indépendante. Par exemple, «Sept personnes ont été abattues en cours de route dont une femme et les enfants», a témoigné M. Tsouba dans le district de Kingoué.
A ce jour, «certaines femmes sont devenues des malades mentales ou souffrent de la tension artérielle à cause des coups de feu entendu pendant qu’elles quittaient leurs villages pour d’autres localités. Et, certaines ont laissé leur famille et ne savent pas si elles sont portées disparues ou pas», explique un déplacé. Avant de poursuivre, «lorsque nous étions arrivées, au début, il y eu un phénomène d’arrestation arbitraire des jeunes dans les sites par les agents de force publique qui les auraient confondu à des Ninjas et conduits à des destinations inconnues».
Les déplacés de la guerre du Pool réclament le retour dans leurs villages. Ils se disent doublement victimes : victimes d’une situation qu’ils ne comprennent les tenants et les aboutissants et victimes d’une vie misérable due à l’abandon des pouvoirs publics. Cette demande incessante du retour au bercail est d’autant plus légitime que l’Etat congolais est tenu de prendre en ligne de compte la convention de Kampala relative aux déplacés internes qui dispose que : «l’Etat recherche des solutions durables au problème de déplacement, par la promotion et la création de condition satisfaisantes pour le retour volontaire, l’intégration locale de manière durable dans les conditions de sécurité et de dignité ».
Ce que rêve un administrateur de la sous-préfecture de Kingoué, dont le district est serait havre de paix. «Les 666 déplacés que nous avons reçu dont 364 déplacés basés à Kingoué-centre, vivent tous dans des familles d’accueil. N’oublions pas qu’étant un district frontalier au Pool, ils ont presque tous des parents ici, mais leur rêve c’est de rejoindre leur village respectif», fait-il savoir.