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Lu pour vous : TEMPÊTE ANNONCÉE « Comment Secret et Collusion dans l’Agriculture Industrielle sont Synonymes de Désastre pour les Forêts du bassin du Congo »

Au cours de l’année passée, Earthsight a suivi le développement des projets de plantation de palmiers à huile et d’hévéas dans le bassin du Congo.

Le bassin du Congo contient l’une des trois plus grandes étendues de forêt tropicale au monde. Elle abrite de nombreuses espèces menacées emblématiques, notamment des gorilles, des chimpanzés et des éléphants de forêt. La forêt fait également vivre 75 millions de personnes, y compris les dernières populations de chasseurs cueilleurs.

Contrairement aux autres vastes forêts, les Forêts du Paradis à l’est et l’Amazonie à l’ouest, la grande forêt d’Afrique centrale a
jusqu’à ce jour échappé aux pires ravages de notre économie de plus en plus mondialisée. Bien qu’elle ait en grande partie été éclaircie par l’exploitation forestière, la grande majorité subsiste et elle disparaît à un taux bien moins élevé qu’ailleurs dans le monde. Mais dans l’ombre, la tempête se prépare. 

Au cours de l’année passée, Earthsight a suivi le développement des projets de plantation de palmiers à huile et d’hévéas dans le bassin du Congo, en portant une attention particulière à la République du Congo et la République démocratique du Congo. Bien que la forêt connaisse un répit grâce aux conditions économiques défavorables qui ont conduit au ralentissement ou à l’arrêt de certains projets, nos résultats montrent que les plantations industrielles continuent de représenter une menace énorme pour les
forêts et les populations de la région. Les gouvernements ne tiennent pas leurs promesses pour assurer la transparence dans le secteur et là où nous avons réussi à avoir un aperçu de ce qu’il se passe dans la « boîte noire », illégalités et violations étaient légion. Nos résultats indiquent que lorsque le prix des matières premières augmentera, rien ne pourra prévenir l’accélération rapide de la destruction des forêts.

Les deux tiers des forêts du bassin du Congo se trouvent sur des terres où les sols et le climat sont favorables à la culture du
palmier à huile et de l’hévéa. Les surfaces de terres disponibles étant de plus en plus restreintes en Asie du sud-est, en partie en
raison du fait que les impacts négatifs des plantations à grande échelle ont été reconnus, le bassin du Congo est considéré
depuis plusieurs années comme la prochaine frontière par les géants du secteur. A la fin des années 2000, l’envolée des prix de l’huile de palme et du caoutchouc ont conduit à un afflux d’investissements dans le bassin du Congo et à l’annonce de la création d’immenses plantations toutes les quelques semaines.

Déjà en 2013, un demi-million d’hectares faisaient l’objet de contrats pour l’huile de palme et des négociations étaient en cours pour 1.1 million d’hectares supplémentaires.2 Il était estimé que les projets les plus avancés au Cameroun, en République du Congo et au Gabon augmenteraient les taux de déforestation dans ces pays de 14, 48 et 140 pour cent respectivement. Si ces projets avançaient à la vitesse prévue, on estimait que la conversion des forêts serait la source la plus importante d’exportation de bois tropical dans ces pays.

Heureusement pour les forêts de la région, la menace ne s’est pas matérialisée aussi rapidement que l’on ne le craignait (voir
« L’histoire à ce jour » ci-dessous). Les prix de l’huile de palme et du caoutchouc se sont écroulés fin 2011 et restent bien en
dessous de leur niveau maximum. De nombreux projets lancés au cours de cette période faste ont peu progressé en raison du
manque de financement. D’autres projets évoqués ont été discrètement annulés. Les plantations qui ont le plus progressé sont
celles qui sont soutenues par les plus gros partenaires financiers, parmi lesquels figurent des gouvernements étrangers.

Le développement le plus rapide a été observé au Gabon, où le géant de l’agroalimentaire singapourien, Olam, développe
toute une série de plantations géantes de palmiers à huile et d’hévéas. Les images satellites révèlent que 35 000 hectares de
forêt dense ont été défrichés par la société sur quatre sites différents, au cours des six dernières années. En février 2017, après
des révélations très médiatisées sur la destruction continue qu’elle causait aux forêts gabonaises, Olam a accepté de suspendre tout défrichage pendant un an. Cet engagement a depuis été prolongé jusqu’en janvier 2019.6

Olam est détenue en majorité par le gouvernement de Singapour, par l’intermédiaire de son fonds souverain. Le deuxième plus grand destructeur des forêts du bassin du Congo est également soutenu par un gouvernement. Sudcam, filiale du conglomérat géant du pétrole et des produits chimiques Sinochem, détenue par le gouvernement chinois a défriché près de 10 000 hectares de forêt tropicale dense au Cameroun, dans le cadre d’un projet que Greenpeace a appelé « de loin le plus dévastateur des
défrichages pour l’agriculture industrielle dans le bassin du Congo ». Le projet est directement adjacent à la Réserve de
Faune du Dja, un site du Patrimoine Mondial abritant un grand nombre de gorilles et chimpanzés menacés d’extinction, que l’UNESCO classe comme « critiques ». Un rapport de l’UNESCO datant de 2012 citait de façon spécifique la menace du projet de plantation d’hévéas sur le site.

Le projet est enlisé dans le scandale. D’après certains chercheurs, l’attribution de la concession à Sudcam aurait été faite
en violation de la règlementation locale, car une grande partie des terres avait déjà été attribuée à des sociétés d’exploitation
forestière. Certains rapports récents suggèrent que la société a été obligée de rendre une partie des terres pour cette raison. Les populations locales affirment que la plantation les a dépossédés de leurs terres communautaires et que les autorités locales ont réagi à leurs protestations par des menaces et des intimidations.

Lire la suite en suivant ce lien : TEMPÊTE ANNONCEE

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Franck TCHIBINDA

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